Kawa ? Vous avez dit Kawa ?

kawa

On a tous entendu cette expression … le mot kawa fait partie de nos habitudes mais d’ou vient exactement cette expression ?

La région de Kaffa

C’est dans cette province d’Abyssinie que les caféiers poussent à l’état sauvage depuis la nuit des temps, et encore de nos jours. Région de hauts plateaux, Kaffa est connue depuis la découverte du squelette de notre ancêtre Lucy, squelette âgé de quelques trois millions d’années ! Cette partie de l’Afrique de l’Est est reconnue comme le berceau de l’humanité. Et c’est dans les régions de cette Ethiopie que l’on retrouve trace de gravures représentant les populations païennes qui pratique un rite qui consiste à brûler et faire bouillir des graines de café et à les boire et les présenter aux esprits « Zar » afin de les apaiser ou de se mettre en relation avec eux. L’homme de ces cérémonies s’appelle le guérisseur ou l’homme au plateau à café.

De l’Ethiopie au Yémen

Certains historiens pensent que dès le IVème siècle deux ambassadeurs chargés d’aller au Yémen propage déjà la coutume de boire du café, en favorisant les échanges entre peuples. Plus tard, vers le VIème siècle, l’armée éthiopienne mènera une expédition en Arabie du sud et occupera le Yémen pendant près de 50 ans. Les populations originaires du sud de l’Ethiopie et enrôlées dans l’armée auraient emmené avec elles le café, élément fondamental de leur vie sociale.

La légende de Batra Maryam chez les chrétiens

Le café ayant un fort succès auprès des populations musulmanes arabes, les premiers chrétiens d’Ethiopie refuseront de la boire dans un premier temps, le désignant alors comme « la boisson des infidèles ». Mais très vite, ils décidèrent de s’approprier cette boisson de choix et afin de l’intégrer dans leur coutume, ils racontèrent la légende d’un saint nommé Batra Maryam. On rapporte donc que sur les rives d’un lac dans le nord du pays, un saint homme voué à la prière, sorti de sa méditation et voulut reprendre son bâton de rythme qu’il avait fiché à terre à côté de lui.

Mais le bâton avait pris racine et il portait des tiges d’un arbre avec des fruits de caféiers.  C’’est ainsi qu’en remerciement de ses prières, le Dieu des Chrétiens lui aurait offert du café. Une église est alors érigée sur le lieu de ce « miracle » et des peintures murales y figurent. Les Chrétiens éthiopiens pouvaient désormais en légitimer l’usage en l’intégrant à leur tour dans leurs usages !

Un mythe chez les musulmans

Voici une autre histoire merveilleuse : on raconte dans le sud et le sud ouest de l’Ethiopie, région d’accueil pour les populations arabes dès le premier millénaire avant notre ère, que le café fut découvert par trois Cheikls : Abol, Tola et Baraka. Ils partirent en retraite dans le désert à la recherche de Dieu. Ils eurent une vision divine où il était question de trouver une plante le « kat », de la préparer et de la manger afin d’apaiser leur faim et leur soif pendant leur prière. L’ayant trouvée et mangée, ils rendirent grâce à Dieu et « ils continuèrent à procéder ainsi pour se divertir »*.

La chèvre au Kawa

Mais c’est sans doute la légende du petit chevrier qui reste dans nos mémoires de façon plus classique : on raconte que des bergers au Yémen avaient remarqué que leurs chèvres, après avoir brouté certaines baies rouges se mettaient à sauter et danser toute la nuit. Ils racontèrent alors leur aventure à un religieux musulman qui récolta ces fruit et en fit une infusion. Il fut à son tour tout excité. C’est pourquoi on nomma le café « kahwa » qui veut dire en arabe « ce qui excite ».

Dans le monde entier

Les dénominations sont toutes issues de ce mot arabe :

  • En Allemagne : Kaffee
  • En Angleterre : Coffee
  • En Chine : Kai-fei
  • Au Danemark et en Suède : Kaffé
  • En Espagne et au Portugal : Café
  • En Grèce : Kafeo
  • En Hollande : Koffée
  • En Italie : Caffé
  • En Pologne : Kawa
  • En Russie : Kaphe
  • En Turquie : Kahveh

Et paradoxalement, en Ethiopie on fait exception au mot arabe puisque dans ce pays « café » se dit « bunn » !!

Sources

  • *Jacques Mercier – Le Roi Salomon et les Maîtres du regard
  • Mercier – Le mythe éthiopien du kat et du café
  • Miquel- L’Islam et sa civilisation
  • J. Leroy – L’Ethiopie et culture